Atlante - Revue d'études romanes
 

Numéro 5 - Automne 2016
La Parole inconvenante Limites et transgression dans les lettres romanes du XVIe siècle


10. « Mon cousin, cestuy cy est-il bon ? ». Le decorum « trop gaillard » des Nouvelles récréations et joyeux devis de Des Périers, lecteur du Pogge -

Anne Boutet
Centre d'Études Supérieures de la Renaissance (Tours)
Université Charles-de-Gaulle (Lille)
p. 178-200.

Anne BOUTET, « Mon cousin, cestuy cy est-il bon ? ». Le decorum « trop gaillard » des Nouvelles récréations et joyeux devis de Des Périers, lecteur du Pogge

Résumé. Bonaventure Des Périers, conteur des Nouvelles récréations et joyeux devis (1558), emprunte non seulement plusieurs récits aux Confabulationes du Pogge, mais joue également d’un decorum « trop gaillard » dont il interroge et exploite les implications rhétoriques, morales et esthétiques. En effet, si l’influence du modèle italien sert la verve joyeusement provocatrice d’un matériau narratif et rhétorique jouant avec les limites de la bienséance et du bon goût, les nouvelles de Des Périers soulignent néanmoins les implications morales de la notion de decorum, certains personnages des récits offrant une représentation singulière de la magnanimité. Ces nouvelles révèlent également que le decorum peut devenir le support d’un questionnement générique. En reprenant les facéties du Pogge, le conteur pratique une écriture du dépassement : aller au-delà du divertissement licencieux ou provocateur hérité de l’humaniste florentin pour mieux revendiquer une dynamique d’écriture et réveiller des lecteurs prisonniers de leurs habitudes de lecture.

Mots-clés : decorum, Bonaventure Des Périers, Le Pogge, facétie, nouvelle, genre narratif, personnage, dialogue, rire.

 

Anne BOUTET, « Mon cousin, cestuy cy est-il bon ? ». The too merry decorum of the work of a Poggio’s reader, Des Périers’s Nouvelles récréations et joyeux devis

Abstract. Bonaventure Des Périers, author of Les Nouvelles récréations et joyeux devis (1558), not only borrows several stories from Poggio’s Facetiæ, he also plays with a too merry (“trop gaillard”)decorum, whose rhetorical, ethical, and moral implications he examines and exploits. Indeed, while the influences of the Italian original emerge in the cheerfully provocative enthusiasm of Des Périers’s rhetorical and narrative material, where he plays on the limits of propriety and good taste, his tales nonetheless highlight the moral implications of decorum, with some characters providing a unique illustration of magnanimity. In addition, these tales reveal that decorum can be a medium for questioning literary genres. While taking from Poggio’s Facetiæ, Des Périers practices a forward writing or écriture du dépassement: he goes beyond the licentious and provocative amusements inherited from the Italian humanist, in order to lay claim to a style of writing and to wake up readers who are prisoners of their reading habits.

Keywords: decorum, Bonaventure Des Périers, Le Pogge, Facetiæ, tales, narrative genre, character, dialogue, laughter.

 

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